L’essor des fours privés et la fin d’une époque
L’électrification rurale, après 1920, fait évoluer la pratique. Les cuisinières en fonte, puis les fours électriques se démocratisent entre 1930 et 1960. Pourtant, d’après une enquête de l’INSEE en 1936, 33% des foyers ruraux n’ont encore ni four, ni cuisinière : là où les ressources manquent, le four collectif joue les prolongations jusqu’aux années 1950.
Progressivement, la centralité du pain recule : l’achat à la boulangerie devient la norme, les jeunes générations quittent le village, et les anciens fournils tombent en sommeil.
Patrimoine rural et renaissance festive
Depuis les années 2000, de nombreux villages restaurent leurs fours à pain pour des usages festifs et patrimoniaux. Selon le ministère de la Culture, on recense plus de 450 fours restaurés, rien qu’en Nouvelle-Aquitaine (inventaire 2023).
Plusieurs associations font revivre la tradition, organisant des journées de cuisson collective, où chacun apporte sa pâte. Les odeurs, la chaleur, la convivialité retrouvent toute leur place.
- Quelques lieux à visiter :
- Frontenay-Rohan-Rohan : le four du bourg, régulièrement rallumé pour la fête du pain au printemps.
- Coulon : four de la place de l’Église, avec dégustation de broyés du Poitou.
- Le Vanneau-Irleau : animations autour du four lors de la Fête des Battages.
Pour un voyage, rien ne remplace la chaleur d’une fournée partagée lors de la fête d’un village. À ces occasions, on oublie les distinctions d’hier, mais on se souvient du temps où cuire son pain était acte collectif, humble et joyeux, fédérateur du quotidien.