Frontenay-Rohan-Rohan : À la découverte des monuments et édifices qui façonnent l’âme du village

Impossible de débuter la découverte du patrimoine local sans évoquer l’église Saint-Pierre, emblème et vigie du village. Mentionnée dès le XI siècle, elle domine la place à la manière d’un phare au cœur du bourg. Remaniée à plusieurs reprises, elle présente aujourd’hui un ensemble harmonieux mêlant éléments romans et gothiques. Sa façade, caractérisée par une sobre élégance, affiche deux rangs d’arcatures surmontant le portail.

• Un clocher-lanterne singulier : Surplombant la nef, le clocher octogonal de style gothique s’élève à 32 mètres. Sa forme élancée et son lanternon lui confèrent une allure unique dans le département.
• Anecdote architecturale : Lors des Guerres de Religion, les Protestants mirent à mal l’église. En 1568, des combats sont rapportés dans le village ; le clocher, endommagé à cette époque, fut relevé et consolidé durant le XVII siècle, ce qui lui donne aujourd’hui cette impressionnante silhouette.
• Décors et curiosités : À l’intérieur, on découvre une nef dotée de voûtes en croisées d’ogives, ainsi qu’un autel orné du XIX siècle. N’oublions pas la cuve baptismale du XII siècle, sobrement décorée, ni la chaire en bois sculpté classée Monument historique depuis 1974.

Pour les passionnés, une visite guidée lors des Journées du Patrimoine permet de toucher du doigt les pierres originelles, ou de grimper dans le clocher pour admirer la vue sur les toits du village et les marais alentours.

Au cœur du bourg, la halle fait partie de ces monuments si familiers qu’on en oublie parfois la valeur. Construite en 1866, elle succède à une halle plus ancienne, mentionnée dès le Moyen Âge. Sa structure en bois, charpentée à l’ancienne et couverte d’ardoises, évoque l’époque où Frontenay organisait l’un des plus grands marchés de la région.

• Un centre économique majeur : Dès le XVI siècle, Frontenay-Rohan-Rohan bénéficiait d’un droit de foire, attirant les marchands de céréales et de bestiaux de tout le sud des Deux-Sèvres.
• Rendez-vous : Aujourd’hui encore, la halle accueille le marché hebdomadaire du vendredi matin. C’est le moment idéal pour retrouver cette ambiance mêlant accents, couleurs et spécialités locales.
• Anecdote : Pendant la Seconde Guerre mondiale, la halle fut utilisée pour stocker denrées et matériels divers, témoignant de son rôle protecteur, au propre comme au figuré, pour la communauté.

La halle est également le point de départ de balades urbaines guidées, et régulièrement investie pour des concerts ou des expositions éphémères, redonnant vie à cet espace chargé de mémoire collective.

Frontenay-Rohan-Rohan doit une partie de son nom à la puissante famille des Rohan, qui tint la seigneurie à partir de la fin du XVe siècle. Au centre du bourg, un ancien château à motte fut édifié dès le XI siècle. Devenu au fil des siècles château de plaisance, il fut progressivement démantelé après la Révolution. Aujourd’hui, s’il ne subsiste que des vestiges discrets, des traces subsistent dans l’urbanisme même du bourg.

• Emplacement : Le château se dressait à l’emplacement de l’actuelle école primaire. Quelques pans de murs enfouis, visibles lors de recherches archéologiques dans les années 1990, témoignent du passé défensif du site (Source : POP Ministère de la Culture).
• Légende locale : La tradition raconte qu’un souterrain reliait le château aux bords de Sèvre, permettant aux seigneurs de s’échapper en cas de siège. S’il n’en reste aucune preuve matérielle, de nombreux habitants évoquent encore ce « tunnel secret » dans les soirées d’été.

La rue du Château, courbe harmonieuse traversant le bourg, suit le tracé du fossé médiéval. Impossible de s’y promener sans imaginer, sous le bitume, les fondations d’un passé féodal.

Avant l’eau courante et le confort moderne, Frontenay voyait s’activer toute une vie autour des points d’eau publics. Plusieurs lavoirs subsistent encore, restaurés dans les années 2000. Ils témoignent de la place essentielle qu’occupaient, jusque dans les années 1960, les lessivières du village.

• Lavoir du Pont : Situé à l’entrée du bourg sur la Sèvre Niortaise, ce lavoir pittoresque est entouré de peupliers et de saules. Sa toiture à deux pans le protège des intempéries ; les dalles de pierre portent encore la trace des gestes répétitifs des lavandières.
• Lavoir de la Font de la Ville : Celui-ci offre en été un coin de fraîcheur apprécié. Un panneau installé à proximité rappelle son histoire et l’évolution de l’alimentation en eau dans le village.
• Fontaine Saint-Clément : Cette fontaine, autrefois réputée pour ses vertus curatives, fait aujourd’hui partie du petit patrimoine recensé par la commune.

Les lavoirs servent parfois d’étape à des circuits de randonnée ou de repère lors des balades scolaires. Un projet d’animation à destination des enfants, lancé en 2019, proposait une “journée du linge d’antan” avec démonstrations et anecdotes partagées par des anciens du village.

Si Frontenay-Rohan-Rohan ne possède pas de “marais mouillés” spectaculaires comme Coulon ou Arçais, il n’en reste pas moins une porte d’entrée du Marais poitevin historique. La Sèvre Niortaise marque la limite sud du bourg ; elle fut longtemps essentielle pour les échanges commerciaux. Frontenay était l’un des terminus du transport de fret fluvial à destination de Niort (Source : Syndicat mixte du Marais poitevin).

• Quais du Pont : On y trouve encore les pentes de déchargement des péniches, aménagées au XIX siècle, et des poteaux d’amarrage en fonte. Cette zone, restaurée en 2015, offre aux promeneurs un joli panorama sur la vallée, surtout au coucher du soleil.
• Portes d’eau : Les “portes d’embarcadères” contrôlaient autrefois le niveau de l’eau pour faciliter la circulation des gabares. Elles ont disparu mais la mémoire orale en conserve le souvenir : de nombreux habitants âgés les évoquent comme “les vannes”, où enfants et pêcheurs se retrouvaient.
• Ancienne maison des Passeurs : Une bâtisse du XIX siècle située en bord de Sèvre rappelle l’époque où le bac était le seul moyen de franchir la rivière lors des crues hivernales. Elle est aujourd’hui une propriété privée, mais visible depuis le chemin de halage.

Marcher sur les bords de la Sèvre, c’est imaginer la vie foisonnante des mariniers, l’activité des pêcheurs et la rivalité bon enfant des communes voisines sur la “bonne pêche à l’anguille”.

• L’ancienne gare et la voie verte : Vestige de la ligne Niort-Saintes, la petite gare de Frontenay, désaffectée depuis 1971, a été transformée en halte sur la voie verte. Son bâtiment typique du réseau de l’Ouest et son abri à vélos en font un arrêt apprécié des randonneurs.
• Le monument aux morts : Installé en 1921 sur la place du Souvenir, il frappe par la sobriété de son obélisque et la finesse de ses gravures. Plus de 75 noms y sont inscrits, rappelant l’engagement de la commune lors des deux conflits mondiaux.
• Les maisons paysannes : Plusieurs maisons du centre-bourg et des hameaux (notamment à Font de la Ville et Saint-Maurice) datent du XVII ou XVIII siècle. Remarquer leurs linteaux en pierre, les encadrements voûtés des anciennes portes de grange, ou les lucarnes ornées d’ardoises taillées.
• La croix de mission : Cette croix en fonte, installée en 1906, marquait la fin des missions paroissiales. Elle fait aujourd’hui office de “poteau indicateur” pour les balades pédestres démarrant du village.

Frontenay-Rohan-Rohan ne se limite pas à une liste figée de pierres anciennes. Son patrimoine vit au rythme des habitants et s’anime chaque année lors de rendez-vous tels que la fête de la Saint-Laurent, les Journées du Patrimoine ou les expositions à la bibliothèque municipale.

Pour ceux qui souhaitent approfondir leur exploration :

• Des visites guidées thématiques sont proposées au printemps et à l’automne par le syndicat d’initiative du Marais poitevin.
• Des livrets de découverte pour les familles sont en libre accès à la mairie et à la médiathèque.
• Le site du Ministère de la Culture recense monuments historiques et petits patrimoines de la commune.
• Plusieurs circuits de randonnée balisés permettent d’alterner patrimoine bâti et espaces naturels, avec départs possibles depuis la halle ou la gare.

Voilà un panorama qui, sans épuiser la liste, donne des clefs pour arpenter Frontenay-Rohan-Rohan autrement. En prenant le temps de la flânerie, on découvre que chaque monument, chaque recoin, restitue un fragment de vie, de légende ou de ferveur populaire. Quelques heures suffisent pour que ces édifices, discrets ou spectaculaires, deviennent vos propres jalons d’un voyage dans l’histoire et l’identité du village.